Noël, ces traditions régionales restées populaires

Les traditions de Noël sont pour la plupart nées en Allemagne au cours du XIXe siècle. C'est cependant l’Angleterre victorienne qui les a rendues particulièrement populaires et qui a notamment contribué à renforcer l'installation du sapin au coeur des foyers, le partage des cadeaux, les copieux repas partagés entre proches. 

La fête de famille moderne, telle qu'on la connaît aujourd'hui avec ses rites détachés du religieux, doit d'ailleurs beaucoup au romancier britannique Charles Dickens, auteur du célèbre "Conte de Noël" (1843).

Si un certain modèle s’est imposé un peu partout, des traditions locales subsistent dans certaines régions de France.

Les papillotes de Lyon

On l’oublie souvent mais les papillotes viennent de Lyon. Ces ganaches au chocolats enveloppé dans un papier doré ou argenté accompagnent souvent les moments festifs. Traditionnellement, on les consomme à Noël.

La légende dit que la papillote a été imaginée par un certain Monsieur Papillot. C’est l’histoire d’un chocolatier lyonnais qui, à la fin du XVIIIe siècle, désirait séduire une jeune femme. Il aurait eu l’idée d’envelopper le chocolat d’un papier sur lequel il avait écrit des mots doux. Mais le nom de la papillote peut aussi provenir de la forme de l'emballage, qui ressemble à un papillon. La légende de Monsieur Papillot est en tout cas entretenue encore aujourd’hui par les chocolatiers lyonnais Révillon et Voisin.

Les treize desserts de Provence

L’usage de partager un repas opulent le soir de Noël est un rituel ancien dans les grandes maisons provençales. Mais l’origine des treize desserts est relativement récente, malgré de nombreuses références religieuses. Pour certaines les treize desserts symbolisent le dernier repas du Christ, en raison des douze apôtres et Jésus.

Quatre des treize desserts symbolisent les principaux ordres mendiants du Moyen Âge : les figues sèches pour les franciscains, les amandes pour le carmel, les raisins secs pour les dominicains et les noix pour l’ordre de saint Augustin. Les dattes venues d’Orient rappellent la Terre sainte. On trouve aussi des mets comme le gibassié (une fougasse sucrée), le nougat blanc, le nougat noir, les calissons, la pâte de coing, le raisin blanc, le melon vert de Noël et les oranges.

Le rocchiu, la tradition du bûcher en Corse

En Corse l’usage est d’allumer un grand feu, le soir de Noël, devant l’église après la messe de minuit, le premier des trois offices de Noël. La tradition du rocchiu, le bûcher, se prépare quelques jours avant le 24 décembre. Des bûches et des branchages, parfois de taille imposante, sont collectés par les habitants du village. Ils sont installés de manière à former une cabane, en référence à l’étable de la Nativité.

Le feu dans la nuit de Noël symbolise la lumière de la foi apportée par le Christ. C’est aussi la reprise d’une tradition ancienne et répandue en cette période de l’année où les nuits sont plus longues.

Les anciens se souviennent d’avoir fait, enfant, le tour du village pour apporter chez les plus démunis une bûche à brûler. De maison en maison, c’était l’occasion de partager un moment avec les personnes isolées. La tradition des sept veillées, surtout suivie en Haute-Corse, s’est un peu perdue aujourd’hui.

Tante Arie en Franche-Comté

La Lorraine a saint Nicolas, la Bourgogne a saint Janvier et la Franche-Comté a Tante Arie ! Une sorte de mère Noël juchée sur son âne Marion qui distribue des cadeaux aux enfants. Une figure de bonne fée inspirée d’Henriette de Montbéliard (1385-1444) qui appartient aussi au folklore du Jura suisse. 

Les personnages liés à la fête de Noël ont toujours avec eux une cohorte de récits. Des contes et des légendes qui se transmettent et se réinventent encore aujourd’hui, et dont l’origine est parfois très ancienne. Ainsi, l'évêque Nicolas de Myre, qui a inspiré le personnage de saint Nicolas, vivait au IIIe siècle, dans l’actuelle Turquie. Les historiens savent peu de choses de sa vie mais elle a été tant de fois et si souvent enrichie de légendes que saint Nicolas est très populaire. Il est fêté en particulier dans les régions de France et d’Europe où ses reliques ont été conservées.

Les récits qui accompagnent  les différentes traditions de Noël, y compris gastronomiques, valorisent le partage, l’amour du prochain, l’attention à l’autre ou le pardon. Autant de valeurs que découvre par exemple un certain Ebenezer Scrooge. Il fait figure de héros archétypal du conte de Noël, dont Dickens a fait un véritable récit initiatique, on pourrait dire de conversion intérieure, mais à la portée universelle.